Scolastique
La scolastique est une école médiévale de philosophie (ou, peut-être plus précisément, une méthode d’apprentissage) enseignée par les universitaires des universités médiévales et des cathédrales dans la période du 12ème au 16ème siècle. Il a combiné la logique, la métaphysique et la sémantique en une seule discipline, et est généralement reconnu pour avoir développé notre compréhension de la logique de manière significative.
La scolastique est surtout connue pour son application dans la théologie chrétienne médiévale, en particulier dans les tentatives de conciliation de la philosophie des anciens philosophes classiques (en particulier Aristote) avec la théologie chrétienne. Cependant, dans la période de la Haute scolastique du 14ème siècle, elle a dépassé la théologie et a eu des applications dans de nombreux autres domaines d’études, notamment l’épistémologie, la Philosophie des Sciences, la philosophie de la nature, la psychologie et même la théorie économique.
Essentiellement, la scolastique est un outil et une méthode d’apprentissage qui met l’accent sur le raisonnement dialectique (l’échange d’arguments, ou de thèses, et de contre-arguments, ou d’antithèse, à la recherche d’une conclusion, ou d’une synthèse), visant à répondre à des questions ou à résoudre des contradictions. Dans l’Europe médiévale, la dialectique (ou logique) était l’un des trois arts libéraux originaux (le « trivium »), en plus de la rhétorique et de la grammaire.
Il y a peut-être six caractéristiques principales de la scolastique:
- Une acceptation de l’orthodoxie catholique dominante.
- Au sein de cette orthodoxie, une acceptation d’Aristote comme un plus grand penseur que Platon.
- La reconnaissance qu’Aristote et Platon étaient en désaccord sur la notion d’universaux, et que c’était une question vitale à résoudre.
- Donner de l’importance à la pensée dialectique et au raisonnement syllogistique.
- Une acceptation de la distinction entre théologie « naturelle » et théologie « révélée ».
- Une tendance à tout contester longuement et dans les moindres détails, impliquant souvent des jeux de mots.
La méthode scolastique consiste à lire de manière approfondie et critique un livre d’un érudit ou d’un auteur de renom (par exemple La Bible, des textes de Platon ou de saint Augustin, etc.), à faire référence à tout autre document et commentaire connexe et à noter tout désaccord et point de discorde. Les deux côtés d’un argument seraient rendus entiers (trouvés en accord et non contradictoires) par l’analyse philologique (l’examen des mots pour des significations multiples ou des ambiguïtés), et par l’analyse logique (en utilisant les règles de la logique formelle pour montrer que les contradictions n’existaient pas mais étaient simplement subjectives pour le lecteur).
Ceux-ci seraient ensuite combinés en « questionae » (faisant référence à un nombre quelconque de sources pour déterminer les avantages et les inconvénients d’une question générale particulière), puis en « summae » (résumés complets de toutes les questions, telles que St. La célèbre « Summa Theologica » de Thomas d’Aquin, qui prétendait représenter la somme totale de la théologie chrétienne à l’époque).
Les écoles scolaires avaient deux méthodes d’enseignement : la « lectio » (la simple lecture d’un texte par un enseignant, qui exposait certains mots et idées, mais aucune question n’était permise); et la « disputatio » (où soit la question à contester était annoncée à l’avance, soit les élèves proposaient une question à l’enseignant sans préparation préalable, et l’enseignant répondait en citant des textes faisant autorité tels que la Bible pour prouver sa position, et les élèves réfutaient la réponse, et l’argument allait et venait, avec quelqu’un prenant des notes pour résumer l’argument).
La scolastique était concomitante avec les mouvements de la philosophie islamique des débuts, dont certains annonçaient et influencaient la scolastique européenne. À partir du 8ème siècle, l’École Mutazilite de l’Islam a poursuivi une théologie rationnelle connue sous le nom de Kalam pour défendre ses principes contre l’école Ash’ari plus orthodoxe, et peut être considérée comme une forme précoce de scolastique. Plus tard, les écoles philosophiques islamiques de l’Avicennisme et de l’Averroïsme ont exercé une grande influence sur la scolastique. Il y avait aussi des développements similaires dans la philosophie juive médiévale (en particulier le travail de Maïmonide).
St. Anselme de Cantorbéry est parfois désigné à tort comme le « Père de la scolastique », bien que son approche ne soit pas vraiment conforme à la méthode scolastique. Le travail de Pierre Abélard et de Pierre Lombard (vers 1100 – 1160) est probablement un meilleur exemple de scolastique précoce, en particulier les « Sentences » de ce dernier, un recueil d’opinions sur les Pères de l’Église et d’autres autorités. D’autres scolastiques précoces comprennent Hugues de Saint-Victor (1078 – 1151), Bernard de Clairvaux (1090 – 1153), Hildegarde de Bingen (1098 – 1179), Alain de Lille (v. 1128 – 1202) et Joachim de Fiore (v. 1135 – 1202).
Les ordres franciscains et dominicains du 13ème siècle ont vu certaines des théologies scolastiques les plus intenses de la Haute Scolastique, produisant des théologiens et des philosophes tels qu’Albertus Magnus, Saint Thomas d’Aquin, Alexandre de Hales (mort en 1245) et Saint Bonaventure (1221 – 1274). Cette période a également vu fleurir une théologie mystique, comme Mechthild de Magdebourg (1210 – 1285) et Angela de Foligno (1248 – 1309), et la philosophie naturelle précoce (ou « science ») aux mains d’hommes tels que Roger Bacon et Robert Grosseteste (v. 1175 – 1253).
Le thomisme et le scotisme sont des dérivations spécifiques de la scolastique, suivant les philosophies de Saint Thomas d’Aquin et de Jean Duns Scot respectivement.
La scolastique a été éclipsée par l’humanisme des XVe et XVIe siècles, et elle en est venue à être considérée comme une manière rigide, formaliste et dépassée de conduire la philosophie. Il a été brièvement relancé à l’École espagnole de Salamanque au 16ème siècle, et dans le renouveau scolastique catholique (Néo-Scolastique) de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, bien qu’avec un accent un peu plus étroit sur certaines scolastiques et leurs écoles de pensée respectives, notamment Saint Thomas d’Aquin.