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Chutes

Contexte

Les chutes sont une complication fréquente et dévastatrice des soins hospitaliers, en particulier chez les patients âgés. Des études épidémiologiques ont montré que les chutes se produisent à un taux de 3 à 5 par 1000 jours-lits, et l’Agence pour la recherche et la qualité des soins de santé estime que 700 000 à 1 million de patients hospitalisés tombent chaque année. Les patients dans les établissements de soins de longue durée courent également un risque très élevé de chutes. Environ la moitié des 1.6 millions de résidents de maisons de retraite aux États-Unis tombent chaque année, et un rapport de 2014 du Bureau de l’inspecteur général a révélé que près de 10% des résidents des établissements de soins infirmiers qualifiés de l’Assurance-maladie ont subi une chute entraînant des blessures importantes.

Plus du tiers des chutes à l’hôpital entraînent des blessures, y compris des blessures graves telles que des fractures et des traumatismes crâniens. Le décès ou les blessures graves résultant d’une chute alors qu’il était pris en charge dans un établissement de soins de santé sont considérés comme un événement jamais survenu, et les Centers for Medicare et Medicaid Services ne remboursent pas les hôpitaux pour les coûts supplémentaires associés aux chutes de patients. Les chutes qui n’entraînent pas de blessures peuvent également être graves. Comme indiqué dans une perspective PSNet, « même les chutes supposées « sans danger » peuvent causer de la détresse et de l’anxiété aux patients, aux membres de leur famille et au personnel de santé, et peuvent marquer le début d’un cycle négatif où la peur de tomber conduit une personne âgée à restreindre son activité, avec pour conséquence de nouvelles pertes de force et d’indépendance. »

Cette introduction se concentrera sur la prévention des chutes dans les établissements de soins de santé, car ceux–ci sont généralement placés sous l’égide des méfaits associés aux soins de santé. Les chutes chez les patients vivant dans la communauté sont également très fréquentes et très morbides; les Centers for Disease Control and Prevention ont publié des guides à l’intention des patients et des cliniciens sur la prévention des chutes chez les patients ambulatoires. Bien sûr, certains d’entre eux peuvent représenter des problèmes de sécurité des patients si, par exemple, un médicament sédatif en était la cause première.

Prévention des chutes

La prévention des chutes a fait l’objet de recherches intensives et d’efforts d’amélioration de la qualité, qui ont permis de définir les éléments clés de programmes de prévention des chutes réussis. Les efforts de prévention commencent par l’évaluation du risque de chute de chaque patient. Il existe plusieurs règles de prédiction clinique existantes pour identifier les patients à haut risque, mais aucune ne s’est avérée significativement plus précise que d’autres. La plupart des chutes surviennent chez les patients âgés, en particulier ceux qui souffrent de délire, se voient prescrire des médicaments psychoactifs tels que les benzodiazépines, ou ont des difficultés de base avec la force, la mobilité ou l’équilibre. Cependant, les patients non âgés qui sont gravement malades sont également à risque de chutes.

Il y a deux considérations générales dans la planification d’un programme de prévention des chutes. Premièrement, les mesures de prévention des chutes doivent être individualisées — il n’existe pas de méthode unique pour prévenir les chutes. Un programme réussi doit comprendre une combinaison de mesures environnementales (comme des planchers antidérapants ou s’assurer que les patients sont dans la ligne de mire des infirmières), d’interventions cliniques (comme minimiser les médicaments déliriogènes), d’interventions liées au processus de soins (comme l’utilisation d’un outil normalisé d’évaluation des risques), d’interventions culturelles (soulignant que la prévention des chutes est une responsabilité multidisciplinaire) et d’interventions technologiques / logistiques (comme les alarmes de lit ou l’abaissement de la hauteur du lit). Le programme devrait s’attaquer explicitement à l’hypothèse sous-jacente de nombreux fournisseurs de soins de santé selon laquelle les chutes sont inévitables et pas nécessairement évitables. Des mesures visant à améliorer la culture générale de sécurité dans une unité particulière peuvent être utiles. Une perspective du Réseau PSNet de 2011 a discuté des composantes spécifiques les plus souvent utilisées dans les interventions réussies de prévention des chutes. Ils comprennent:

  • Responsabilité multidisciplinaire (plutôt que uniquement infirmière) de l’intervention.
  • Formation du personnel et des patients (si elle est assurée par des professionnels de la santé et structurée plutôt qu’ad hoc).
  • Un plan de soins individualisé qui répond aux différents facteurs de risque, besoins et préférences des individus.
  • Fourniture de chaussures sûres (plutôt que de conseils uniquement sur des chaussures sûres).
  • Un accent sur la prévention, la détection et le traitement du délire.
  • Examen et (le cas échéant) arrêt des médicaments « coupables » associés à un risque accru de chutes, en particulier les médicaments psychotropes.
  • Gestion de la continence, y compris les routines d’assistance fréquente pour utiliser les toilettes.
  • Accès précoce aux conseils, aux aides à la mobilité et (le cas échéant) à l’exercice de physiothérapeutes.
  • Un examen post-chute utilisé comme une occasion de planifier la prévention secondaire, y compris un historique minutieux pour identifier une syncope potentielle.

L’autre considération est de reconnaître la tension entre la prévention des chutes et les autres objectifs de l’hospitalisation d’un patient. Un grand nombre de documents documentent que les patients âgés perdent rapidement leur mobilité et leur état fonctionnel pendant les hospitalisations, et que cette perte d’état fonctionnel a des conséquences à long terme. La promotion de la mobilité et de l’activité est donc devenue un élément clé des programmes visant à améliorer les résultats des soins hospitaliers chez les patients âgés. Des efforts excessifs pour limiter les chutes peuvent donc avoir pour conséquence négative de limiter la mobilité pendant l’hospitalisation, de limiter la capacité des patients à se remettre d’une maladie aiguë et de les exposer à de nouvelles complications.

Les données probantes concernant l’efficacité de programmes de prévention des chutes spécifiques ont été mitigées. Un essai randomisé de haute qualité largement cité a documenté une réduction significative des chutes chez les patients âgés en utilisant une intervention de prévention des chutes individualisée s’appuyant sur bon nombre des éléments énumérés ci-dessus. Il est probable que les différences entre les populations de patients, les facteurs de risque et les facteurs environnementaux hospitaliers peuvent limiter la généralisation des interventions publiées dans les hôpitaux. L’AHRQ a publié des trousses d’outils avec des guides de mise en œuvre pour les programmes de prévention des chutes chez les patients hospitalisés et les patients en milieu de soins de longue durée. Ces trousses soulignent le rôle de la culture de sécurité locale et la nécessité d’un leadership organisationnel engagé dans l’élaboration d’un programme de prévention des chutes réussi.

Contexte actuel

La prévention des chutes est un objectif national de sécurité des patients pour les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée. La Commission mixte a souligné l’importance de la prévention des chutes dans une alerte Sentinelle de 2009. Comme indiqué ci-dessus, les chutes avec blessure sont un événement grave à signaler pour la Commission mixte et sont considérés comme un  » événement jamais  » par CMS. Les données les plus récentes du Tableau de bord national de l’AHRQ sur les taux de complications associées aux soins de santé (HACS) indiquent que les taux de chute dans les hôpitaux américains ont diminué d’environ 15% entre 2010 et 2015.

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